Revue de presse du Capitaine Nô
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Rééditions RCA-Victor: la voix de son maître chez nous

La Presse
17 novembre 2002
Page E5  Jean-Christophe Laurence 

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Les multinationales du disque n'ont pas attendu Céline Dion pour s'intéresser aux artistes québécois. Dès les années 1920, la compagnie RCA-Victor était bien implantée dans la Belle Province. Quatre CD viennent nous rappeler l'importance du petit chien Nipper dans l'histoire de notre industrie du disque.

Qu'ont en commun Willie Lamothe, les Jérolas et Elvis Presley? Réponse: tous ont enregistré leurs plus gros succès sur étiquette RCA-Victor. Pendant que le King faisait la gloire du label aux États-Unis, Lamothe et les Jérolas en faisaient tout autant dans la Belle Province.

Eh oui. La puissante RCA (qui appartient aujourd'hui à BMG) n'a pas seulement endisqué des artistes américains. Présente au Québec depuis le milieu des années 1920- ce qui en fait une pionnière- elle fut une véritable usine à vedettes locales jusqu'au début des années 1980. Au total, le catalogue québécois de RCA-Victor se chiffre à plus de 1000 chansons et compte une quinzaine de "classiques". Qu'on pense à Méo Penché des Jérolas, Le Train qui siffle de Paul Brunelle, N'oublie jamais des 3 Bars ou Winnipeg de Pierre Lalonde. Du country au lounge, du yéyé au rock, de la chanson au folklore, à l'opéra, on y retrouve probablement la plus grande variété de styles et d'artistes jamais embrassée par une compagnie de disques au Québec.

Pas de doute: il fallait bien quelqu'un pour redonner vie à ces "vieux fonds de tiroirs". Et l'initiative est venue de l'intérieur: il y a quelques semaines, la filiale québécoise de BMG lançait une série de quatre CD compilant les plus grands succès francophones de son histoire. Les trois premiers disques sont divisés par décennie (le meilleur des années 50, 60 et 70) et le dernier se consacre à la musique country, véritable vache à lait pour la compagnie dans les années 1950 et 1960.

L'opération a fait peu de bruit, mais n'en reste pas moins digne de mention. Car jusqu'ici, sauf erreur, des artistes comme Guylaine Guy ou les Jérolas n'avaient jamais eu l'honneur d'être "mis" sur CD. Cela sans compter tous les autres, dont les chansons étaient à peu près introuvables, sinon que sur d'antiques vinyles scratchés. Aline, par Daniel Guérard? La Paloma, par Curly et Bobby Hachey? André, par le Capitaine Nô? Vous ne les aurez jamais entendues sonner aussi bien, aussi fort.

Les deux âmes du projet, Anne Vivien (directrice artistique chez BMG-Québec) et Guylaine Maroist (coordonatrice du projet) se sont aussi permis l'ajout de quelques tubes "hors-Québec" mais très populaires par ici: Mon pays Bleu par Roger Whittaker, Plus je t'entends, d'Alain Barrière, L'amour est bleu par Vicky.

Mais la vraie surprise tient dans la poignée de raretés qu'on y a saupoudrée, comme ça, gratuitement, juste pour se faire plaisir. Un coup de folie, qui nous vaut de découvrir l'existence des Frères Flamingo (tandem fantaisiste des années 1950), la chanson thème du film Papillon interprétée par Patrick Norman ou la pop beatlesque d'un certain Geoffroy, qui deviendra plus tard le Pierre Bertrand de Beau Dommage.

Hélas, tout cela n'est que la pointe de l'iceberg. Car pour le reste, la quasi-totalité du catalogue québécois de RCA-Victor dort toujours dans les sous-sols de BMG, à Toronto.

Non pas que le tout soit mal en point! Bien au contraire, affirme Anne Vivien: "On nous avait raconté toutes sortes d'histoires d'horreur sur la condition des bandes. Mais en réalité, le transfert de Montréal à Toronto (quand RCA a été acheté par BMG en 1987) a été super bien fait. Tout est stocké avec soin, conservé à la bonne température." D'autant plus, précise-t-elle, que ce sont des anciens de RCA-Victor qui en prennent soin, trop heureux de cajoler ces reliquats d'une autre époque.

Mais un tel catalogue, par sa qualité, sa quantité et sa valeur historique, peut-il rester ainsi sur des tablettes? À Toronto?

Sauf exceptions, la réponse est oui. Parce que chez BMG-Québec, on ne prévoit pas pour l'instant rééditer d'autres disques.

"Une simple question de marché, explique Anne Vivien. Il faut avoir conscience de ce que ça implique et à qui on s'adresse. Et il ne faut pas surestimer le marché du disque au Québec. Hormis les compilations de grands succès, les rééditions se vendent rarement à plus de 5000 exemplaires. Pour un label comme BMG, ce sont là des quantités négligeables. Et nous n'avons pas les ressources humaines nécessaires pour entreprendre une telle tâche. Mieux vaut confier le tout à des labels spécialisés."

Dont acte. À défaut d'exploiter ses richesses, la compagnie a commencé à distribuer des contrats de licence ici et là, autorisant d'autres labels à piger dans son catalogue. Déjà, un CD des Excentriques est ressorti sur étiquette Mérite. Raymond Berthiaume et les 3 Bars ressusciteront sur le même label sous peu, alors que Roger Whittaker a été "prêté" aux disques DEP.

Des exceptions pourrait-on dire. Parce qu'à moins d'un miracle, Lucille Dumont, Capitaine Nô, Jen Roger ou les Jérolas n'auront pas leur CD de sitôt. Tous furent pourtant de bons vendeurs à leur époque. Mais au Québec, on a la mémoire courte, semble-t-il.

 
 

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