|
|
|
LES QUATRIÈMES FrancoFolies ont à peine trois jours dans les gencives que j'ai déjà crié à m'en casser la voix, pleuré à m'en irriguer les joues, applaudi à m'en rougir les paumes, rigolé à m'en tenir les côtes, et marché (d'une salle à l'autre) à m'en enfler les orteils (là, j'exagère un peu). Formidable chassé-croisé de spectacles qui n'ont rien à voir les uns avec les autres et que l'on reçoit successivement en pleine poire, comme des one-two punches à la boxe, les Francos, c'est ça. Les coups de poings de la chanson francophone, enfoncés jusqu'au fond du crane, pour que ça marque.
On croise les collègues dans la rue, dans les halls d'entrée, à la salle de presse, et l'on se communique, enthousiastes et grandes gueules, des comptes-rendus-minute: «T'était là pour Higelin? C'était gigantesque!»
- Non, j'étais au Spectrum dimanche soir, au party du Capitaine Nô. Il pétait le feu, le vieux cachalot à la tête d'oeuf. Avec ses cuivres qui pétaradaient, La p'tite Chamberland se rumuait dangereusement le popotin! Son band a vraiment été à la bonne école. Par moments, pendant Sur le chemin de la Gaspésie, c'était comme du vieux Charlebois quand il faisait du rhythm'n'blues à la Janis Joplin. Dans le sens puissant du terme. Il a tenu quinze bonnes grosses minutes sa chanson écolo, Sauvez la Terre, avec Stéphanie Biddle, absolument soulful aux harmonies, et l'harmoniciste de Bourbon Gauthier qui s'immiscait partout! Là-dessus, autant Biddle s'intégrait parfaitement au Chicago Blues Fest du Cap, autant le country-cajun Gauthier, malgré un vibrant duo avec Francine Raymond sur Le temps qui comptait, semblait hors d'ordre.
[...]
Illustration : Jacques Nadeau,En haut,Jacques Higelin. En bas, Capitaine Nô
|
