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On l'aura remarqué, Capitaine Nô, alias Pierre Leith, est un conteur. Devant un public ou le magnéto d'un journaliste, le bonhomme a toujours quelque chose à raconter. Et toujours avec un luxe de détails pas toujours indispensables. Mais faut le prendre comme il est. Et s'il a laissé dix ans s'écouler entre Cocoman, son dernier album, et Capitaine Nô et le Bing Bang Band, c'est peut-être pour cette raison.
«Quand j'ai réalisé le peu de place qu'il me restait dans le showbiz, j'ai préféré quitter plutôt que d'avoir à changer, dit-il. J'y peux rien. Moi j'ai toujours été très direct: quand ça fait pas mon affaire, je le dis. Et comme dans le temps j'avais déjà la responsabilité d'une famille, j'avais pas de chance à prendre.»
Alors notre homme a passé les six dernières années à jouer les producteurs de spectacles, aux commandes des productions CAP. «Mais j'ai toujours gardé en tête l'idée qu'un jour ça remarcherait.» Faut croire qu'il avait raison. Après un retour en scène très réussi lors du Festival International Rock de Montréal en 1990, il s'est laissé tenter à nouveau. Il a enregistré un démo, magasiné d'une maison de disques à l'autre, essuyant des refus polis, pour finalement s'en remettre à un vieux collaborateur Guy Rhéaume, qui a créé la maison de disque Réso rien que pour lui.
Bien accueilli par la majorité, le retour du Capitaine, sur disque et sur scène, renoue étrangement avec une époque presque oubliée. Celle des blues-rock d'un p'tit Québec mangeur de baloney, frôlant le misérabilisme mais toujours sauvé par l'humour. Pas très différent dans les thèmes de ses vieux succès comme André ou Personne ne m'aime, mais renouvelé par quelques touches rap et surtout un groove r'n'b où l'on ne ménage pas les cuivres. Avec huit musiciens sur scène et quelque 25 ans de métier dans le corps, le Capitaine a beau s'être dégarni le crâne avec l'usure du temps, il sait encore faire bouger un public.
Illustration :
Richard Fournier, Capitaine Nô: «J'ai toujours gardé en tête l'idée qu'un jour ça remarcherait.»
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