Revue de presse du Capitaine Nô
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Un bateau qui roule et rock avec le Capitaine Nô à la barre…

Québec Rock
Février 1981
  Marc Desjardins 


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Il est de retour, 5 ans plus tard, avec un bel album de rock pesant ; il est ici, cachez vos femmes et vos enfants, fermez les portes des tavernes, le capitaine Nô, pirate au long cours, revient au large de nos cotes. Et ça tangue un coup.

« J'aime ça quand ça bouge... Je suis né pis j'ai grandi en plein milieu du rock'n roll pis ça m'a marqué. Aujourd'hui, je reviens à ça; je cherche pas à compliquer inutilement, juste pour que les « freaks », capotent. Ce qui m'intéresse c'est fondamental, ça a du feeling, et puis ça se falsifie pas. Un peu comme Dutch Mason, Muddy Waters ou Chuck Berry les gars que j'aime écouter. »

Ce nouvel album qu'il a fait à ses frais sur son label et sans l'aide des multi, il est à l'enseigne du dépouillement et de la simplicité. Il a voulu qu'il sonne « live », qu'il ait l'air de ce qu'il est, une belle collection de tounes swinguantes, livrées telles quelles, sans surcharge d'ornements.

« J'm'étendrai pas sur mes problèmes antérieurs de compagnie de disques, c'est fini ; mais ça m'a donné le goût de me rebeller contre l'establishment des multinationales et de faire un disque à MON goût, sans compromis, aujourd'hui, comme tout coûte cher, il faut avoir assez de talent de faire vite et bien ce qu'on a plus les moyens de faire luxueusement, je pense que j'ai prouvé ce point-là avec mon album. »

Pendant 6 ans, même s'il n'était pas dans l'œil des sacro-saints médias, il n'a pas arrêté de travailler, de composer ou de jouer, faisant le tour du Québec, seul ou avec d'autres, d'une brasserie à l'autre, d'un club à l'autre, s'efforçant de maintenir un bon contact avec le public.

« J'suis pas pour m'enfermer dans ma tour d'Ivoire pis essayer toutes sortes de bébelles en attendant que quelqu'un s'intéresse à moi y faut que je joue que je reste toujours pareil en plein milieu de l'action. »

Il est satisfait d'apprendre que dans ma famille on dansait sur son disque pendant les partys des fêtes. Pourtant, son côté rocker est récent, puisque le Capitaine Nô a toujours paru comme un chansonnier électrique, maître du cynisme, de l'humour noir, et un peu dadaïste sur les bords...

« J'ai délaissé le message au profit du swing; ce que j'avais à dire depuis un moment. J'ai toujours eu le genre à trop parler, en interview comme ailleurs. Dans ce rock j’ai trouvé un côté fondamental de moi sans avoir' l'air de chercher des bébittes. »

Comme le contact avec le public lui importe, il est en train de se monter un spectacle dont la première partie sera un peu rétro, très rock'n roll alors que la seconde ira chercher dans ses vieux thèmes anarchistes de chansonnier. Pour l'accompagner, un quatuor: Freddy Farago à la base, Jean-Pierre Hodgson à la guitare André Featherstone à la batterie et Germain Gauthier au saxophone. Pour la plupart d'illustres inconnus :

« Oui, mais des maudits bons musiciens. J'suis tanné qu'on se serve toujours des mêmes gars sur tous les disques, que ça sonne toujours pareil. J'aime mieux aller chercher du monde pas connus mais qui jouent bien et à leur façon. »

Il explique que « Ville de rien », la pièce qui prend toute la face 2 de son disque, est la pièce la plus demandée en spectacle et qu'il l’a incluse un peu pour les gens qui veulent s'amuser dans les partys. Juste avant de s'éclipser pour aller suivre les exploits de Columbo, il me dit qu'il a des projets pour Montréal mais qu'il ne peut en parler tout de suite; pour compenser il m'avoue que son vrai nom c'est Pierre Leith...!

« T'sé, le feeling, ça s'achète pas, ça vient avec le temps. Ça m'a pris un moment avant de m'en rendre compte. salut là. »*

« Capitaine Nô et le Bing Bang Band »

Capitaine Nô

Disque Capitaine Nô

Du rock d'auteur, ça sonne un peu paradoxal comme ça, mais avec le capitaine Nô, c'est remarquable et ça brasse en diable...

Pour son premier disque depuis 6 ans, le Capitaine a décidé d'aller pêcher dans ses racines et de nous servir des tounes à brasser la maison; il nous garroche sans crier gare toute une face de rock'n roll graisseux à souhait, de quoi déniaiser les plus gênés dans les partys de sous-sol.

Musicalement il a choisi la voie de la simplicité, ça sonne bien, ça sonne « live », la rythmique est soutenue et les solos sont essoufflants. L'instrumentation est dépouillée, mais elle va chercher ce qu'il faut, et paradoxalement elle ne fait pas rétro ou historique, le son vient du cœur, et du présent.

On trouve des « bijoux » partout : « La p'tite Chamberland » est un pur chef-d'œuvre, un peu sexiste, mais tellement évocateur, qu'on en vient presque à vouloir connaître cette petite adolescente précoce; « Mont-Laurier », adaptation sommaire de « Purple Haze », est lourdement prenant, accouchant d'images où se mêlent le sordide et un certain humour typique aux musiciens de « clubs »; « T'sé veux dire » est l'amplification parfaite des limitations de la langue hip québécoise et de sa dépendance sur les proverbes et les lieux communs.

Le Capitaine a perfectionné cette façon merveilleuse qu'il a de chanter en créant de nouveaux personnages à chaque fois qu'il se sert de sa voix cela donne un monde infiniment vivant qui ne cesse de bouger et de vous charrier avec lui.

Une seule réserve me vient et c’est au sujet de la face 2, une pièce conceptuelle intitulée « Ville de rien » et qui va chercher dans l'humour absurde, les histoires de taverne et un scénario de western spaghetti de quoi dérider l''auditoire. À la première audition on rit un peu surtout à cause des personnages que le Capitaine met en scène, mais à la longue le concept s’évente et on ne trouve plus ça très drôle.

Malgré tout, le Capitaine Nô a des leçons à donner à Corbeau et autres bébittes à rock.

 
 

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