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«The Cap is back!» Sauf la garniture capillaire, notre homme n'a point changé. Après s'être produit à quelques reprises sur les scènes montréalaises, il lance enfin Cocoman, son premier album depuis 1981.
Le Capitaine fait rimer la vie de la même façon que d'antan. Aux côtés de Guy Rhéaume, vieux routier des studios québécois, il a lui-même produit Cocoman. De facture blues et rhythm 'n' blues, le disque rappelle le type de production que les étiquettes Stax et Motown avaient mis de l'avant au cours des années 60. Production à budget modeste, honnête, directe, passéiste, parfois sans relief. Mais tout de même sympathique.
Décortiquons un peu.
L'écologique Sauvez la Terre et la stupéfiante Cocoman (snif!) sont plus rhythm and blues que blues, confectionnées «à la sixties». Dur à avaler, le premier blues du disque, est braillard comme il se doit. Dans l'bas d'la ville aborde le cas d'une pute: Le corps en chaleur/La tête en arc-en-ciel/Elle est venue chercher son thrill/Dans l'bas d'la ville... Par la suite, Maudite boisson raconte l'histoire loufoque d'un gars trop saoûl pour passer aux actes avec l'être convoité: rigolo... Le Blues à Jean-Paul, celui du last-call, est celui de la séduction; on l'aura deviné, blues rime avec blouse...
Un peu plus loin, un p'tit remontant: Prends donc la vie du bon côté! Oups, revoilà les mauvaises ondes: dans Vas-tu te lever, un père exaspéré sermonne son fainéant de fils. Puis, L'oiseau bleu épilogue sur une peine d'amour: la fille a lâché le bon gars pour le beau gars... Et que dire de Matante Rita? Elle fait pousser du pot et fume des joints! Au grand dam de la famille... Paraît qu'elle est morte en campagne dans sa vieille cabane
Le Capitane Nô est un artiste du peuple, farouchement indépendant, un «bucké» devant l'Éternel qui mène sa barque comme un seul homme. Le Cap se présente donc sur disque sans maquillage, avec ses histoires de vrai monde, ses petites leçons de vie, sa morale de vieux routier, avec l'éloquence du bon conteur de brasserie, avec les bons flashs et les maladresses de sa poésie chansonnière.
Et on a l'impression qu'il a repris ses activités là où il les avait laissées... Une bonne chose? En ce qui me concerne, oui. C'est simple, j'aime le Capitaine Nô. Je m'éclate encore lorsque Baloney, Personne ne m'aime, André et autres douceurs de ma lointaine vie de cégépien tournent à nouveau sur une platine. Pour tout vous dire, le Capitaine Nô est le genre de personnage dont on n'espère aucune mutation.
CAPITAINE NÔ, Cocoman, RESO/Sélect RECD 1080, compact + cassette.
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