Le Capitaine Nô, accompagné de neuf musiciens, se produit ce soir sur la scène Labat Blues. Le tout se poursuivra au Grand Café.
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«Je pète le feu, j'ai le pied léger», lance-t-il, rayonnant.
Le Capitaine Nô a repris la barre de son navire pour une croisière estivale. Ce soir à 20h, à l'angle des rues de Maisonneuve et Clark, l'officier du blues francophone et québécois se promet bien de faire tanguer la foule. Neuf musiciens sur la scène Labatt Blues, section de cuivres, la grosse embarcation quoi -le tout se poursuivra au Grand Café, en fin de soirée.
«J'aimerais ça que tu mettes l'accent sur le fait que je chante en français», suggère-t-il au journaliste. Le Cap me faisait effectivement remarquer qu'il était le seul à faire du blues francophone dans la série Québec Blues, série en plein air consacrée aux artistes locaux pour qui le blues est le principal véhicule sonore -il y a bien Danielle Martineau et son Rockabayou, mais son travail témoigne davantage de l'héritage cajun que de celui du blues.
«Le monde comprend ce que je dis, c'est pas pareil. Me semble que chanter comme le monde parle, c'est important», laisse tomber notre Cap légendaire, qui lançait l'album Cocoman il y a quelques mois.
Gonflé à bloc
Il est d'ailleurs très fier de sa galette, le Capitaine Nô. «Le marché du disque est difficile à percer par les temps qui courent, mais je pense que Cocoman est là pour clancher. Le monde a l'air content que je sois revenu», affirme-t-il, sûr de ses moyens.
Le bluesman se montre donc on ne peut plus satisfait du son de cet enregistrement, une réalisation de son vieil ami Guy Rhéaume, qui fut jadis responsable de ses classiques -Personne ne m'aime, Baloney, André, Ville de rien
«Le son de ce disque est cristallin, il n'y pas de gadget. Le dernier disque de Buddy Guy, ça accote pas mon record», soutient-il, gonflé à bloc.
On ajoutera que le Cap lui-même a songé au marketing de Cocoman. Le concept artisanal de cette pochette de disque, affichant un thorax de rockeur sur lequel on a imprimé l'incontournable binette de notre sympathique bluesman, c'est du Capitaine tout craché. «L'idée de Cocoman, ça va bien avec ma coupe de cheveux, en plus d'être une chanson. Je suis ben content de mon concept graphique», soulignera-t-il. On reconnaît là le loup solitaire (loup de mer solitaire?) qu'il a toujours été; contrôler son produit de A à Z, voilà sa façon de faire.
«C'est moi qui veut administrer. Je suis bien organisé, discipliné, informatisé. J'assure ma propre gérance, je me suis longtemps occupé à booker des chansonniers-animateurs.»
Un têtu isolé, le Cap? «Au contraire, je suis déterminé, rétorque-t-il. Mais je ne perds pas de temps à m'expliquer avec ceux qui me font gaspiller mon énergie. Pour l'instant, je suis occupé, j'ai du fun, je ne me fais pas de tracas.
«Je me sens plus efficace, plus sûr de moi, dixit l'homme de 43 ans. Je ne suis plus un jeunot, mais je pogne encore. Même les enfants trippent!
-Pourquoi trippe-t-on à ce point, mon capitaine?
-Parce que j'amène quelque chose de différent, tout en parlant de la vie du Québécois moyen. Je parle de l'interlope, de la coke dans les clubs, d'accident; je fais aussi des farces. C'est aussi mon humour caustique, acide, qui plaît. Je suis un cure-down!», lance-t-il en riant.
«Mon travail n'est pas élitiste, reprend-il. Je pense résumer des situations qui sont typiques d'ici. Mon propos n'est pas trop lourd, et je dis ce que je pense. C'est un art de vulgarisation. Ma force, c'est de bien résumer les choses. C'est aussi de piner. Et si quelqu'un me pique, je montre que ça pince».
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