Capitaine Nô
Photo de Richard Fournier
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Après six ans d'absence, le Capitaine Nô revient en force, un nouveau disque sous le bras, avec la ferme intention de brûler les planches.
Il est grand, droit, costaud : la parole est franche, directe. On le sent déterminé, sûr de lui et calme devant l'événement de sa rentrée. Ce gars-là roule sa bosse dans le monde du showbiz depuis 20 ans. Son retour à la chanson est mûrement réfléchi, tout comme l'était son départ en 85.
Les faits sont simples : le Capitaine Nô sort de sa retraite parce que chanter, c'est son métier et qu'il s'en ennuie. Alors, pourquoi l'avoir quitté?
Pierre Leith a endossé le costume du Capitaine Nô au début de la vingtaine. Son premier microsillon paraissait en 1975 et ne comprenait que des titres originaux. La carrière est bien démarrée, les disques se vendent. Les critiques gratifient même le Cap de l'épithète flatteuse de « Bob Dylan québécois ». Mais au début des années 80, les circuits diminuent, le marché est saturé, les billets se vendent moins. Afin de gagner décemment sa vie entre deux concerts en salle, il commence à se produire dans les bars et les brasseries. En 85, le Cap ne trouve pas preneur pour la maquette de son quatrième album. Il tire alors sa révérence, fatigué, amer et presque convaincu que ce départ est définitif.
Le Capitaine Nô, mis en veilleuse, cède sa place à Pierre Leith qui, à son tour, n'a pas chômé. En effet, son agence de production de spectacles (Productions C.AP.), fondée en 1986 s'occupe d'environ 600 artistes. Il a même créé un logiciel spécialement adapté à la gestion d'entreprises culturelles. En 1990, il effectue un retour sur scène avec son Bing Bang Band au Festival international de rock de Montréal. Deux ans après, il décide de faire un retour sur disque.
Le Capitaine Nô cuvée 1992, intitulé Cocoman, n'est pas une version revue et corrigée de l'artiste dont on se souvient. Ce disque, sorti sur étiquette Réso et distribué par Sélect, est coécrit avec Jocelyn Picard, Michel Aubin, Bernard Duval, Serges Turbide, Pierre Renaud, Robert Potvin. On y retrouve le même regard aigu sur le monde et la vie. L'ensemble des textes demeure abondamment teinté de cet humour caustique qui est un peu sa marque de commerce. Il a gardé sa façon particulière de cerner le réel dans une phrase lapidaire qui à la fois amuse et secoue.
Le magazine européen Rock and Folk a dit d'un de ses précédents albums : « C'est un long-jeu éclectique et sans faiblesse et son auteur a tout compris ». Cette seule affirmation devrait nous inciter à tendre l'oreille vers le tout nouveau disque du Capitaine Nô.
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